LE JAPON

Le Japon, où je suis née et où j’ai grandi,  marie tradition et modernité. Il est l’héritier d’une histoire riche et complexe, qui se traduit par une culture originale et captivante.

Les villes à l’ère de la mondialisation

Le Japon est intéressant tant pour son héritage monumental – de nombreux sites sont classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO – que pour son architecture contemporaine  vivante et innovante. L’impératif de reconstruire les villes, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, donna un nouvel élan à l’architecture japonaise. Celle-ci joua un rôle important dans la  conception et la réalisation des gratte-ciel modernes surtout du fait de sa parfaite maîtrise du porte-à-faux. Ce principe architectural, utilisé de longue date au Japon, permet de soutenir de lourdes charges : le toit des temples, par exemple. Les architectes japonais ont donc su tirer parti de leurs connaissances traditionnelles tout en se lançant dans d’impressionnantes innovations.  Ils sont mondialement reconnus pour leur utilisation originale des matériaux industriels, leurs aménagements spatiaux, leur sensibilité à l’environnement extérieur et leur compréhension des problèmes écologiques et géodésiques.

Les villes japonaises sont donc résolument modernes et ouvertes sur le monde. Elles ont développé une culture originale. Citons, par exemple, celle des mangas, de la bande dessinée, de la musique, de la mode et de la cuisine. Ces multiples expressions créent une atmosphère d’effervescence créatrice qui est fascinante à observer. Les bars et les restaurants, toujours animés, sont des lieux où ces divers mondes se rencontrent.

Le visiteur, soudain fatigué de tant de vie, découvre des havres de tranquillité en pénétrant dans les jardins où sont disséminés temples et pagodes. Il est frappé par le calme et la sérénité qui baignent ces lieux. L’art du jardin japonais tient à ce qu’on appelle le Niwaki (niwa jardin et ki arbre) « l’arbre du jardin »,  c’est-à-dire à une manière particulière, inspirée du bouddhisme zen japonais, de tailler les arbres afin de mettre en évidence leur esthétique et de favoriser la méditation. Après avoir baigné dans la vie citadine trépidante, faire une halte dans les jardins tient de la magie tant la nature y est admirable, à la fois spontanée et sophistiquée.

 

Les campagnes et leurs charmes

Le Japon est aussi connu pour la grande variété de ses paysages : paysages maritimes avec de nombreuses îles couvertes de pins, paysages de forêts et de montagnes avec la luxuriance de leurs multiples espèces indigènes (pins noirs, rouges, cèdres, etc.), paysages agricoles avec leurs cultures du riz et du thé. Ces dernières de tradition ancestrale se déclinent en de subtiles nuances de vert. Terrasses pour le riz et culture en bandes horizontales pour le thé donnent aux sites un aspect travaillé, une certaine « architecture ».

Voyager dans les campagnes, découvrir les îles, marcher dans les forêts, autant d’activités qui tissent des liens avec la nature et qui permettent de capter ce goût de l’authenticité que prisent tant  les Japonais. Divers rites, hérités d’un riche passé, sont célébrés afin de marquer les cycles de la nature et le passage du temps :

  • HANAMI (littéralement regarder les fleurs) soit la contemplation de la beauté fragile des fleurs de l’abricotier (ume), du cerisier (sakura) et du pêcher. Des poèmes évoquent la délicatesse des fleurs du printemps, lesquelles  sont éphémères comme l’est la vie des êtres humains. La pratique du hanami était d’usage à la cour impériale ; elle s’est répandue dans le peuple. A l’époque des cerisiers, les gens prennent des collations sous les branches fleuries, admirent les fleurs qu’ils dessinent ou photographient.
  • TSUKIMI (littéralement regarder la lune) est une soirée consacrée à la contemplation de la pleine lune, une manière de célébrer et d’honorer la première pleine lune de l’automne. Cette fête devint populaire sous l’ère Edo (1603-1868) ; dans les campagnes, elle était l’occasion de marquer le temps des récoltes et de faire des offrandes de boules de riz et de longues herbes à la lune.
  • YUKIMI (littéralement contempler la neige) est une tradition japonaise qui se déroule tout au long de l’hiver. Les Japonais ont plaisir à contempler la neige qui tombe, à apprécier la qualité du silence, à respirer l’air givré. Ils savourent ces plaisirs en groupes.

Ces divers rites marquent profondément l’imaginaire des Japonais et témoignent de l’amour que ces derniers portent à la nature et au passage des saisons. Cette inclination se traduit dans de nombreux poèmes et haïkus.

J’aurais plaisir à partager avec vous la richesse de ce Japon tourné vers la modernité tout en demeurant profondément attaché à des rituels ancestraux.

Pour prendre une respiration, je vous propose de faire halte dans les auberges traditionnelles appelées ryokan. Elles offrent un cadre harmonieux et reposant. Leurs bains (ofuro) sont propices à la détente ; leur cuisine est soignée et savoureuse.

Text: Simone Forster / TS Perret